Toutes les aides pour la reprise d’entreprise

Vous envisagez de reprendre une entreprise et recherchez les aides disponibles pour concrétiser votre projet ? Les dispositifs d’aide à la reprise d’entreprise peuvent significativement réduire vos besoins en financement et sécuriser votre opération. En tant que repreneur, vous pouvez accéder à plusieurs types de soutiens :

  • Des aides financières directes (ARCE, prêts d’honneur)
  • Des exonérations de charges sociales (ACRE)
  • Des solutions de financement adaptées (crédit vendeur, prêts bancaires)
  • Des dispositifs d’accompagnement technique et stratégique

Voici un panorama complet des aides à la reprise d’entreprise que vous pouvez mobiliser en fonction de votre situation personnelle et de la nature de votre projet.

Aide à la reprise ou à la création d’entreprise : focus sur l’ARCE

L’ARCE (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise) constitue un dispositif majeur pour les demandeurs d’emploi souhaitant reprendre une entreprise. Cette aide transforme vos allocations chômage en capital de démarrage, vous permettant de financer les premiers mois d’activité.

Comment fonctionne l’ARCE ? Elle vous permet de recevoir 60% de vos droits restants à l’ARE (Allocation d’aide au Retour à l’Emploi) sous forme de capital, versé en deux fois :

  • Premier versement : 50% du montant total au démarrage de l’activité
  • Second versement : 50% restants après 6 mois d’activité (sous réserve que l’entreprise soit toujours en activité)

À noter qu’à partir du 1er juillet 2023, une déduction de 3% est appliquée sur le montant pour financer les retraites complémentaires.

Conditions d’éligibilité à l’ARCE :

  • Être inscrit comme demandeur d’emploi à France Travail (ex-Pôle Emploi)
  • Bénéficier de l’ARE au moment de la demande
  • Avoir obtenu l’ACRE (voir section suivante)
  • Créer ou reprendre une entreprise en France

Pour calculer votre montant potentiel d’ARCE, utilisez cette formule : (Montant journalier de l’ARE × nombre de jours d’indemnisation restants) × 60% × 97%. Par exemple, avec une ARE de 50€/jour sur 400 jours restants : (50 × 400) × 60% × 97% = 11 640€.

Si vous optez pour l’ARCE, vous ne pourrez pas cumuler vos allocations avec vos revenus d’activité. En cas d’échec de votre projet, vous pourrez toutefois récupérer vos droits ARE restants sous certaines conditions.

L’ACRE : exonération sociale pour faciliter le démarrage

L’ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise) représente un allègement significatif des charges sociales pendant la première année d’activité. Ce dispositif est obligatoire pour pouvoir bénéficier de l’ARCE.

Cette exonération partielle ou totale des cotisations sociales personnelles concerne :

  • L’assurance maladie, maternité, invalidité, décès
  • Les prestations familiales
  • L’assurance vieillesse de base

Le niveau d’exonération dépend de vos revenus professionnels :

  • Exonération totale pour les revenus inférieurs à 30 852€ (75% du PASS 2024)
  • Exonération dégressive pour les revenus entre 30 852€ et 41 136€ (entre 75% et 100% du PASS)
  • Aucune exonération au-delà de 41 136€

Qui peut bénéficier de l’ACRE ? Le dispositif est ouvert à tous les créateurs ou repreneurs d’entreprise, avec une attention particulière pour :

  • Les demandeurs d’emploi indemnisés ou indemnisables
  • Les demandeurs d’emploi non indemnisés inscrits depuis plus de 6 mois
  • Les bénéficiaires de minima sociaux (RSA, ASS)
  • Les jeunes de 18 à 25 ans (ou jusqu’à 29 ans pour les personnes reconnues handicapées)
  • Les salariés repreneurs de leur entreprise en difficulté

La demande d’ACRE se fait automatiquement lors de la déclaration de création ou de reprise d’entreprise. Pour les micro-entrepreneurs, une demande spécifique doit être effectuée dans les 45 jours suivant la déclaration d’activité.

Autres aides financières pour la reprise d’entreprise

Au-delà de l’ARCE et de l’ACRE, plusieurs dispositifs de financement peuvent vous aider à boucler votre budget de reprise :

1. Le prêt d’honneur création-reprise

Ce prêt personnel à taux zéro, sans garantie ni caution, peut atteindre 50 000€ selon les réseaux d’accompagnement (Initiative France, Réseau Entreprendre, France Active). Il renforce votre apport personnel et rassure les banques, avec un effet de levier généralement de 1 pour 7 (1€ de prêt d’honneur attire 7€ de financement bancaire).

2. Le contrat de développement transmission (Bpifrance)

Ce prêt sans garantie ni caution personnelle finance :

  • L’achat de fonds de commerce ou de titres sociaux
  • Les frais d’acquisition
  • Le besoin en fonds de roulement

Son montant varie de 40 000€ à 1 500 000€, avec une durée de remboursement d’environ 7 ans et un allègement des remboursements les deux premières années. Il est destiné prioritairement aux TPE/PME existantes depuis plus de 3 ans.

3. Le crédit vendeur

Cette solution permet d’étaler le paiement d’une partie du prix d’achat avec l’accord du cédant. Généralement limité à 1-3 ans, il peut représenter jusqu’à 30-50% du prix total. Le taux d’intérêt est négociable, parfois nul si le cédant souhaite faciliter la transmission. Ce dispositif doit être formalisé par écrit pour éviter tout litige.

4. L’emprunt bancaire classique

Principal mode de financement des reprises, il peut couvrir jusqu’à 70% du montant total. Les banques exigent généralement :

  • Un apport personnel d’au moins 30%
  • Des garanties réelles (nantissement du fonds) ou personnelles (caution)
  • Un business plan solide démontrant la capacité de remboursement

La durée de remboursement se situe généralement entre 5 et 7 ans. En cas de refus non motivé, vous pouvez saisir la médiation du crédit.

5. Le financement participatif (crowdfunding)

Cette solution alternative permet de collecter des fonds auprès d’une communauté via des plateformes spécialisées, sous forme de :

  • Dons (avec ou sans contrepartie non financière)
  • Prêts rémunérés (crowdlending)
  • Investissements en capital (equity crowdfunding)

Au-delà du financement, le crowdfunding vous permet de tester le marché et de constituer une communauté de premiers clients ou ambassadeurs.

Aides publiques, régionales et accompagnement spécifique

Les collectivités territoriales proposent des dispositifs complémentaires aux aides nationales. Ces soutiens varient selon les priorités économiques locales :

Aides régionales

Chaque région dispose de son propre arsenal d’aides à la reprise :

  • Subventions directes (souvent conditionnées à la création d’emplois)
  • Prêts à taux bonifiés
  • Garanties de prêts bancaires
  • Avances remboursables

Pour identifier les aides disponibles dans votre région, consultez le site de votre conseil régional ou utilisez la base nationale des aides publiques aux entreprises.

Accompagnement technique et stratégique

Au-delà du financement, vous pouvez bénéficier d’un accompagnement personnalisé via :

  • Les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) : diagnostic, formation, mise en relation
  • Les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) pour les entreprises artisanales
  • Les réseaux d’accompagnement (BGE, Initiative France, Réseau Entreprendre)
  • Les incubateurs et pépinières d’entreprises

Ces structures proposent des parcours structurés incluant formation, mentorat, mise en réseau et suivi post-reprise. Leur accompagnement est souvent gratuit ou proposé à coût réduit.

Aides spécifiques pour publics prioritaires

Des dispositifs ciblés existent pour certains profils de repreneurs :

  • Femmes entrepreneures : fonds de garantie FGIF, réseaux dédiés
  • Personnes en situation de handicap : aides spécifiques de l’Agefiph
  • Jeunes entrepreneurs : dispositifs régionaux, prêts d’honneur majorés
  • Repreneurs d’entreprises en difficulté : aides à la restructuration

Ces aides peuvent prendre la forme de subventions, de garanties renforcées ou d’accompagnement intensif.

Conditions générales, conseils et bonnes pratiques

Pour maximiser vos chances d’obtenir ces aides et réussir votre reprise, voici quelques recommandations pratiques :

Préparez un dossier solide

  • Réalisez un audit approfondi de l’entreprise cible (juridique, comptable, commercial, RH)
  • Élaborez un business plan réaliste sur 3 ans minimum
  • Préparez un prévisionnel financier détaillé démontrant la rentabilité et la capacité de remboursement
  • Documentez votre parcours et vos compétences en lien avec le projet

Anticipez les démarches administratives

La plupart des aides doivent être demandées avant la reprise effective :

  • Pour l’ARCE : déposez votre demande auprès de France Travail avant l’immatriculation
  • Pour les prêts d’honneur : prévoyez 2 à 3 mois de délai d’instruction
  • Pour les aides régionales : renseignez-vous sur les calendriers des commissions d’attribution

Combinez intelligemment les dispositifs

Certaines aides sont cumulables, d’autres non. Par exemple :

  • L’ARCE n’est pas cumulable avec le maintien partiel des allocations chômage
  • Les prêts d’honneur peuvent être combinés avec des prêts bancaires et des aides régionales
  • L’ACRE est cumulable avec toutes les autres aides financières

Faites-vous accompagner

Ne restez pas seul face à la complexité administrative. Sollicitez :

  • Un expert-comptable pour la partie financière
  • Un avocat pour la partie juridique
  • Un conseiller CCI ou BGE pour le montage des dossiers d’aide
  • Un mentor ayant une expérience de reprise similaire

Cet accompagnement augmentera significativement vos chances d’obtenir les financements nécessaires.

Exemples pratiques et illustrations chiffrées

Pour mieux comprendre l’articulation des différentes aides, voici deux cas concrets de reprise :

Exemple 1 : Reprise d’un commerce par un demandeur d’emploi

Marie, 42 ans, demandeur d’emploi avec une ARE de 45€/jour sur 500 jours restants, reprend une boutique valorisée à 120 000€.

  • ARCE : (45€ × 500 jours) × 60% × 97% = 13 095€
  • Apport personnel : 12 000€
  • Prêt d’honneur Initiative France : 15 000€ sur 5 ans à taux zéro
  • Crédit vendeur : 30 000€ sur 2 ans (25% du prix)
  • Prêt bancaire : 50 000€ sur 7 ans

Marie bénéficie également de l’ACRE, lui permettant d’économiser environ 8 000€ de charges sociales la première année.

Exemple 2 : Reprise d’une PME industrielle

Thomas, cadre en reconversion, reprend une entreprise de sous-traitance industrielle valorisée à 800 000€.

  • Apport personnel : 120 000€ (15%)
  • Prêt d’honneur Réseau Entreprendre : 50 000€ sur 5 ans
  • Contrat de développement transmission (Bpifrance) : 200 000€
  • Prêt bancaire classique : 350 000€ sur 7 ans
  • Subvention régionale pour modernisation : 80 000€ (conditionnée à un investissement de 200 000€)

Ce montage financier illustre l’importance de combiner différentes sources de financement pour répartir le risque et optimiser le coût global.

Type d’aideMontant moyenDélai d’obtentionTaux de succès
ARCE10 000€ – 20 000€2-4 semaines95%
Prêt d’honneur15 000€ – 50 000€2-3 mois70%
Prêt bancaire50 000€ – 500 000€1-3 mois60%
Subvention régionale10 000€ – 100 000€3-6 mois40%

Ressources utiles et démarches administratives

Pour aller plus loin dans votre projet de reprise, voici les principales ressources à consulter :

Sites officiels et simulateurs

  • France Travail : simulateur ARCE et informations sur les aides aux demandeurs d’emploi
  • Bpifrance : plateforme de demande de prêts et garanties
  • Agence France Entrepreneur : base nationale des aides publiques
  • URSSAF : informations sur l’ACRE et les exonérations sociales

Réseaux d’accompagnement

  • Initiative France : 215 plateformes locales pour les prêts d’honneur
  • Réseau Entreprendre : accompagnement et financement des reprises à potentiel
  • BGE : conseil et formation pour les repreneurs
  • CCI Reprise : dispositif spécifique des CCI pour la transmission-reprise

Documents clés à préparer

Pour vos demandes d’aide, préparez systématiquement :

  • Business plan complet (présentation du projet, marché, stratégie, équipe)
  • Prévisionnel financier sur 3 ans minimum
  • Plan de financement initial détaillé
  • CV et lettre de motivation
  • Pour l’ARCE : notification de droits ARE, attestation d’obtention de l’ACRE
  • Pour les prêts d’honneur : justificatifs d’apport personnel, accord de principe bancaire

Calendrier type d’un projet de reprise

  • J-6 mois : identification de la cible et première évaluation
  • J-5 mois : audit approfondi et élaboration du business plan
  • J-4 mois : dépôt des demandes de prêts d’honneur et aides régionales
  • J-3 mois : négociation avec les banques
  • J-2 mois : finalisation du protocole d’accord avec le cédant
  • J-1 mois : demande d’ARCE auprès de France Travail
  • Jour J : signature définitive et immatriculation
  • J+1 mois : premier versement ARCE
  • J+6 mois : second versement ARCE (si activité maintenue)

N’oubliez pas que la reprise d’entreprise est un processus qui demande rigueur et méthode. Anticipez vos démarches et faites-vous accompagner pour maximiser vos chances de succès. Les aides financières ne sont qu’un des aspects de la réussite – votre préparation, votre vision stratégique et votre capacité d’adaptation seront tout aussi déterminantes.

Alexandre Martin, consultant indépendant en reprise d’entreprise et growth strategist, transforme chaque acquisition en succès mesurable grâce à son double bagage finance & marketing. Sur Plan-Reprise-Activité.com, il partage méthodes 80/20, check-lists actionnables et outils IA pour rendre la reprise simple et rentable.

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