Le prêt reprise entreprise est un financement spécifique destiné aux entrepreneurs souhaitant racheter une entreprise existante. Il permet généralement de couvrir jusqu’à 70% du montant total de l’acquisition, le reste devant être apporté sous forme de fonds propres par le repreneur. Ce type de financement s’articule autour de plusieurs options complémentaires qui peuvent être combinées pour optimiser votre montage financier.
Voici ce que vous devez absolument savoir sur le financement de reprise d’entreprise :
- Un apport personnel minimum de 25-30% du prix d’acquisition est généralement exigé
- Le prêt bancaire classique peut financer jusqu’à 70% du montant total
- Des solutions complémentaires comme le prêt d’honneur ou le crédit vendeur peuvent renforcer votre dossier
- Bpifrance propose des dispositifs spécifiques pour les reprises d’entreprise
- Des garanties adaptées existent pour sécuriser votre emprunt
Parcourons ensemble les différentes options qui s’offrent à vous pour financer votre projet de reprise et maximiser vos chances de succès.
Comprendre le prêt pour la reprise d’entreprise : contexte et enjeux
La reprise d’entreprise représente un investissement significatif qui nécessite presque toujours un financement externe. Le montage financier d’une acquisition repose sur un équilibre entre l’apport personnel du repreneur et les financements complémentaires.
Pour les banques et organismes prêteurs, un projet de reprise présente des avantages par rapport à une création pure : l’entreprise a déjà fait ses preuves, génère un chiffre d’affaires et dispose d’une clientèle existante. Mais attention, ils examineront avec attention plusieurs facteurs clés :
- La solidité financière de l’entreprise cible (rentabilité, endettement, trésorerie)
- La capacité de remboursement future basée sur les cash-flows prévisionnels
- L’expérience et les compétences du repreneur dans le secteur concerné
- La qualité du business plan et la stratégie post-acquisition
En pratique, les banques financent rarement plus de 70% du prix d’achat. Ce ratio s’explique par la nécessité de limiter le risque et d’assurer que le repreneur s’engage personnellement dans l’opération. Un apport personnel significatif (25-30% minimum) démontre votre implication et rassure les financeurs sur votre motivation.
Par ailleurs, le montant emprunté doit être cohérent avec la capacité de l’entreprise à générer suffisamment de trésorerie pour rembourser les échéances tout en maintenant son développement. Une règle empirique veut que les annuités de remboursement ne dépassent pas 50% de l’excédent brut d’exploitation (EBE).
Les différentes sources de financement pour reprendre une entreprise
Pour financer une reprise d’entreprise, vous devez généralement combiner plusieurs sources de financement. Cette diversification permet non seulement d’atteindre le montant nécessaire mais aussi de répartir les risques.
L’apport personnel et love money
Votre apport personnel constitue la base de votre montage financier. Il peut provenir de vos économies personnelles, de la vente d’actifs ou de l’aide de votre entourage (love money). Les proches peuvent contribuer de trois façons :
- Par un don d’argent (exonéré jusqu’à 31 865 € tous les 15 ans en ligne directe)
- Par un prêt familial (à déclarer au-delà de 5 000 €)
- En devenant associés minoritaires de l’entreprise
Les apports en compte courant d’associés
Si vous reprenez l’entreprise avec des associés, ces derniers peuvent effectuer des avances en compte courant. Ces sommes sont mises à disposition de l’entreprise sans augmentation de capital et peuvent être remboursées ultérieurement. Cette solution offre une grande souplesse et renforce les fonds propres apparents.
Les holdings de reprise
La création d’une holding pour acquérir l’entreprise cible permet d’optimiser la structure financière grâce à l’effet de levier. La holding emprunte pour financer l’acquisition et rembourse la dette grâce aux dividendes remontés de la société d’exploitation. Cette structure présente des avantages fiscaux et facilite souvent l’obtention de financements plus importants.
Prêt bancaire classique et garanties exigées
Le prêt bancaire classique reste la pierre angulaire du financement d’une reprise d’entreprise. Il s’agit généralement d’un prêt moyen terme dont les caractéristiques sont adaptées au projet.
Caractéristiques du prêt bancaire pour reprise
- Durée : généralement entre 5 et 7 ans, rarement au-delà pour une reprise
- Taux : fixe ou variable, négociable selon votre profil et la qualité du dossier
- Montant : jusqu’à 70% du prix d’acquisition
- Remboursement : mensualités constantes incluant capital et intérêts
Pour maximiser vos chances d’obtenir un prêt, consultez plusieurs établissements bancaires et comparez leurs offres. Privilégiez idéalement la banque qui connaît déjà l’entreprise cible, car elle dispose d’un historique de la relation et d’une meilleure compréhension de l’activité.
Les garanties exigées par les banques
Les banques demandent systématiquement des garanties pour sécuriser leur prêt. Ces garanties peuvent prendre différentes formes :
- Nantissement des titres de la société (actions ou parts sociales)
- Nantissement du fonds de commerce
- Caution personnelle du dirigeant (souvent limitée à 50-70% du montant)
- Hypothèque sur des biens immobiliers professionnels ou personnels
Pour limiter l’impact des garanties personnelles, vous pouvez recourir à des organismes de garantie comme :
- Bpifrance : peut garantir jusqu’à 70% du montant du prêt
- Sociétés de caution mutuelle (SIAGI, SOCAMA)
- France Active pour les projets à impact social ou environnemental
Ces garanties externes rassurent les banques et réduisent votre exposition personnelle. Elles impliquent généralement une commission de l’ordre de 0,5% à 1% du montant garanti.
Les prêts spécifiques et alternatifs : prêt d’honneur, crédit vendeur et Bpifrance
Au-delà du prêt bancaire classique, plusieurs solutions de financement spécifiques peuvent compléter votre montage financier et renforcer votre dossier.
Le prêt d’honneur
Le prêt d’honneur est un prêt personnel à taux zéro, sans garantie ni intérêt, accordé au repreneur et non à l’entreprise. Ses caractéristiques :
- Montant : généralement entre 5 000 € et 50 000 € (jusqu’à 90 000 € dans certains réseaux)
- Durée : 2 à 5 ans avec possibilité de différé de remboursement
- Absence totale de garanties personnelles
- Accompagnement par le réseau qui l’octroie
Les principaux organismes proposant des prêts d’honneur sont :
- Initiative France (130 plateformes locales)
- Réseau Entreprendre (60 associations territoriales)
- ADIE (pour les micro-entrepreneurs exclus du système bancaire)
Le prêt d’honneur est particulièrement intéressant car il renforce vos fonds propres et produit un effet de levier sur le financement bancaire. Les banques considèrent favorablement ce type de prêt qui témoigne de la confiance d’un comité d’experts dans votre projet.
Le crédit vendeur
Le crédit vendeur est un mécanisme par lequel le cédant accepte d’être payé en plusieurs fois pour une partie du prix de vente. Concrètement :
- Le cédant laisse à disposition du repreneur 10 à 30% du prix de vente
- Cette somme est remboursée sur une période courte (1 à 3 ans)
- Les intérêts sont souvent faibles voire inexistants
- Le remboursement intervient après celui des banques
Ce dispositif présente plusieurs avantages :
- Il démontre la confiance du cédant dans la pérennité de l’entreprise
- Il rassure les banques sur la qualité de l’opération
- Il facilite la transition entre l’ancien et le nouveau dirigeant
- Il peut être associé à un accompagnement du cédant pendant la période transitoire
Les solutions Bpifrance
Bpifrance propose plusieurs dispositifs spécifiquement conçus pour la reprise d’entreprise :
- Le Contrat de Développement Transmission (CDT) : prêt sans garantie de 40 000 € à 1,5 million €, sur 7 ans avec 2 ans de différé
- La garantie Transmission : couverture jusqu’à 70% du prêt bancaire
- Le Prêt Croissance Transmission : pour financer les investissements immatériels post-reprise
Ces solutions s’adressent généralement aux PME de plus de 3 ans d’existence et sont particulièrement adaptées aux reprises d’entreprises ayant un potentiel de développement significatif.
Financements participatifs et investisseurs privés
Pour les projets de reprise plus ambitieux ou innovants, les financements participatifs et l’apport d’investisseurs privés peuvent constituer des alternatives intéressantes.
Le crowdfunding (financement participatif)
Le crowdfunding permet de collecter des fonds auprès d’une communauté de particuliers via des plateformes en ligne. Pour une reprise d’entreprise, deux formes sont particulièrement adaptées :
- Le crowdlending (prêt participatif) : des particuliers prêtent de l’argent contre remboursement et intérêts
- Le crowdequity (investissement participatif) : les contributeurs deviennent actionnaires minoritaires de l’entreprise
Plateformes spécialisées dans le financement des entreprises :
- October, Lendix, Unilend (crowdlending)
- WiSEED, Anaxago, MyOptions (crowdequity)
Le financement participatif présente plusieurs avantages :
- Accès à des financements complémentaires sans garantie personnelle
- Création d’une communauté d’ambassadeurs de votre entreprise
- Validation de l’intérêt du marché pour votre projet
- Visibilité et communication positive
Les business angels
Les business angels sont des investisseurs privés qui apportent des fonds propres en échange d’une participation au capital. Au-delà de l’aspect financier, ils offrent :
- Leur expertise sectorielle et leur réseau professionnel
- Un accompagnement stratégique et opérationnel
- Une crédibilité accrue auprès des partenaires financiers
Ils interviennent généralement pour des tickets de 20 000 € à 100 000 € individuellement, et jusqu’à 500 000 € en groupe. Ils ciblent principalement les entreprises à fort potentiel de croissance et prévoient une sortie à moyen terme (5-7 ans).
Les fonds d’investissement
Pour les reprises d’entreprises de taille significative (valorisation supérieure à 1 million €), les fonds d’investissement peuvent entrer au capital :
- Capital-transmission : spécialisé dans les opérations de reprise
- Capital-développement : pour financer la croissance post-acquisition
Ces investisseurs apportent des montants importants (plusieurs centaines de milliers d’euros) et exigent généralement :
- Une participation minoritaire mais significative (20-49%)
- Un droit de regard sur les décisions stratégiques
- Un plan de sortie défini (revente de parts, introduction en bourse)
- Des objectifs de performance précis
Financements solidaires, microcrédit et aides complémentaires
Pour certains profils de repreneurs ou types d’entreprises, des solutions de financement alternatives existent, notamment dans l’économie sociale et solidaire.
Les financements solidaires
Si votre projet de reprise comporte une dimension sociale ou environnementale forte, vous pouvez solliciter des financeurs spécialisés :
- France Active : prêts et garanties pour les entreprises à impact
- La NEF : coopérative financière éthique proposant des prêts professionnels
- Le Crédit Coopératif : banque spécialisée dans l’économie sociale et solidaire
Ces organismes proposent des conditions avantageuses pour les projets alignés avec leurs valeurs : taux préférentiels, accompagnement renforcé, mise en réseau avec d’autres acteurs engagés.
Le microcrédit professionnel
Pour les petites structures ou les repreneurs rencontrant des difficultés d’accès au crédit bancaire classique, le microcrédit professionnel offre une solution adaptée :
- Montant : jusqu’à 17 000 €
- Durée : jusqu’à 5 ans
- Taux d’intérêt : généralement autour de 5-8%
- Accompagnement personnalisé obligatoire
L’ADIE est le principal acteur du microcrédit en France, avec un réseau d’agences couvrant tout le territoire.
Les aides régionales et locales
Ne négligez pas les dispositifs d’aide proposés par les collectivités territoriales :
- Subventions à la reprise d’entreprise
- Prêts à taux zéro régionaux ou départementaux
- Exonérations fiscales temporaires
- Aides à l’implantation dans certaines zones
Ces dispositifs varient considérablement d’une région à l’autre. Renseignez-vous auprès de :
- Votre Conseil régional ou départemental
- La Chambre de Commerce et d’Industrie locale
- Les agences de développement économique
Les concours et prix
Participez aux concours dédiés à la reprise d’entreprise pour obtenir :
- Des dotations financières (5 000 € à 30 000 €)
- Une visibilité médiatique précieuse
- Un réseau de contacts qualifiés
Exemples de concours : Prix CREA de la reprise d’entreprise, Réseau Entreprendre, Talents BGE, concours organisés par les CCI.
Conseils pratiques pour optimiser le montage financier et réussir sa reprise
La réussite d’un projet de reprise repose en grande partie sur la qualité du montage financier. Voici des conseils pratiques pour maximiser vos chances.
Préparer un business plan solide
Votre business plan doit démontrer la viabilité économique de la reprise et votre capacité à développer l’entreprise :
- Analyse détaillée de l’existant (forces/faiblesses de l’entreprise)
- Stratégie de développement claire et réaliste
- Prévisionnel financier sur 3 ans minimum
- Plan de trésorerie mensuel pour la première année
- Scénarios alternatifs (optimiste, pessimiste)
Faites relire votre business plan par des professionnels (expert-comptable, consultant) pour en vérifier la cohérence et la crédibilité.
Optimiser la structure de financement
Un montage financier équilibré combine idéalement :
Type de financement | Part idéale | Avantages |
---|---|---|
Apport personnel + love money | 25-30% | Démontre votre engagement, rassure les prêteurs |
Prêt d’honneur | 5-10% | Renforce les fonds propres, sans garantie |
Crédit vendeur | 10-20% | Facilite la négociation, témoigne de la confiance du cédant |
Prêt bancaire | 40-60% | Finance la majorité de l’opération |
Financement complémentaire (Bpifrance, etc.) | 0-20% | Complète le montage, souvent sans garantie |
S’entourer des bons experts
Ne vous lancez pas seul dans cette aventure. Faites-vous accompagner par :
- Un expert-comptable spécialisé en transmission d’entreprise
- Un avocat d’affaires pour les aspects juridiques
- Un conseiller bancaire ou courtier spécialisé en financement professionnel
- Un mentor ayant déjà réalisé une reprise similaire
Des réseaux comme le CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires) ou les CCI proposent des accompagnements dédiés aux repreneurs.
Anticiper l’après-reprise
Prévoyez dès le montage financier initial les besoins post-acquisition :
- Besoin en fonds de roulement supplémentaire
- Investissements nécessaires à court terme
- Réserve de trésorerie pour imprévus
Ne consacrez pas toutes vos ressources à l’acquisition seule. Une entreprise sous-capitalisée après sa reprise risque de rencontrer rapidement des difficultés.
Pour finir, gardez à l’esprit que le financement d’une reprise d’entreprise est un processus qui peut prendre plusieurs mois. Anticipez cette temporalité dans votre planning et prévoyez des solutions de repli en cas de refus d’un financeur. La diversification des sources de financement reste votre meilleur atout pour sécuriser votre projet.
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Alexandre Martin, consultant indépendant en reprise d’entreprise et growth strategist, transforme chaque acquisition en succès mesurable grâce à son double bagage finance & marketing. Sur Plan-Reprise-Activité.com, il partage méthodes 80/20, check-lists actionnables et outils IA pour rendre la reprise simple et rentable.